1975/2025 : cinquante ans de la loi sur le handicap… et après ?

La leçon du psycho-drame des listes en PACA que personne ne tirera !

 

Lundi dernier, j’ai eu l’honneur d’assister, au Sénat, au colloque organisé par la Fondation Valéry Giscard d’Estaing pour célébrer les cinquante ans de la grande loi de 1975 sur le handicap.

Un demi-siècle déjà… Et pourtant, le sujet, lui, n’a pas pris une ride.

Entendre Madame Valéry Giscard d’Estaing raconter le combat de son mari fut un moment d’émotion rare. Dans sa voix vibrait bien plus qu’un souvenir : on y percevait la trace d’une conviction profonde, celle d’un homme pour qui la dignité des personnes en situation de handicap n’était pas une question parmi d’autres, mais une exigence morale, un engagement vital, un projet de société.

Je n’ai pas toujours partagé ses choix politiques, mais force est de reconnaître qu’il fut de ceux qui ne se contentent pas de parler de progrès : ils le façonnent.

Son engagement pour l’inclusion fut constant, sincère, courageux. Sa vision était moderne, sa volonté inébranlable, et son héritage demeure.

Mais cinquante ans ont passé.

Cinquante ans de discours, de promesses, de plans d’action.

Cinquante ans que la République jure vouloir changer le quotidien des personnes handicapées.

Et la question qui dérange, la seule qui compte, reste là, intacte : avons-nous vraiment avancé ?

La vérité, c’est que cette loi portait en elle ses limites dès sa naissance. Près de la moitié des décrets d’application n’ont jamais vu le jour. Les droits, pourtant inscrits dans le marbre, sont restés trop souvent suspendus dans les nuages. Et aujourd’hui encore, des milliers de femmes et d’hommes en situation de handicap se heurtent, chaque jour, à des murs invisibles, à l’école, au travail, dans l’espace public, jusque dans l’exercice le plus ordinaire de leur citoyenneté.

Lors du colloque, responsables politiques, associations et personnes concernées ont croisé leurs regards. Les mots étaient forts : contrôles renforcés, démarches simplifiées, inclusion réelle dans les décisions… Mais derrière les promesses, une question persistait : qui financera ? Qui appliquera ? Qui écoutera vraiment ?

Le constat, lui, ne laisse aucune place à l’illusion :

L’école inclusive ? Trop souvent un slogan. Manque d’accompagnants, enseignants mal formés, locaux inadaptés.

L’emploi ? Un droit théorique. Le chômage des personnes handicapées reste deux fois supérieur à la moyenne nationale. Trop souvent, on préfère payer une amende que d’embaucher.

L’accessibilité ? Un chantier éternel. Chaque année, la France accumule les retards.

L’égalité ? Inégale. Selon le territoire, selon le handicap, les droits ne sont pas les mêmes. Notre devise républicaine ne s’applique pas à tous.

Critiquer est aisé, j’en conviens. Gouverner est une autre histoire. Les contraintes budgétaires, les inerties administratives, les arbitrages impossibles : tout cela existe. Rien ne va aussi vite qu’on le souhaiterait. Rien ne se fait sans lutte.

Mais rendons hommage à celles et ceux qui, jour après jour, n’ont jamais baissé les bras. C’est grâce à leur ténacité, à leur acharnement, à leurs combats que nous avançons, parfois lentement, mais sûrement, vers une société plus juste et plus inclusive.

Reste que le temps des demi-mesures est terminé.

Il est temps d’oser. De sanctionner ceux qui refusent l’accessibilité. De donner des moyens réels aux structures d’accueil, aux accompagnants, aux auxiliaires de vie. De simplifier, enfin, les démarches administratives. Et surtout, d’associer pleinement les personnes concernées à toutes les décisions qui les touchent.

L’inclusion n’est pas une faveur. Elle n’est pas une option. Elle n’est pas un supplément d’âme. Elle est un droit fondamental. Et tant qu’il ne sera pas respecté, notre République restera inachevée.

Alors je pose la question : quand la France aura-t-elle enfin le courage d’être à la hauteur de ses principes ?

Et vous… allez-vous encore patienter ?

Parce que moi… moi, je n’attends plus.

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