Clap de fin sur la 78e édition du Festival de Cannes. Glamour et tapis rouge au rendez-vous, mais une question essentielle demeure : nos écrans reflètent-ils vraiment la société telle qu’elle est ?
La réponse est claire : pas encore.
En 2023, seules 0,9 % des personnes visibles à la télévision étaient en situation de handicap, alors qu’elles représentent près de 20 % de la population française. Dans la fiction, elles apparaissent un peu plus (2,3 %), mais disparaissent presque totalement dans les documentaires, magazines ou JT. Dès qu’on quitte l’imaginaire, la diversité s’efface.
Même constat du côté de l’origine : les personnes perçues comme non blanches représentent 15 % des visages à l’écran, mais sont beaucoup moins présentes dans l’information. Et quand elles apparaissent, elles sont rarement valorisées : en 2022, seuls 10 % des personnages perçus comme non blancs étaient positivement représentés – un recul brutal par rapport à 2020.
Ajoutons à cela les femmes cantonnées aux rôles domestiques, les plus de 50 ans invisibilisés, et les classes populaires souvent caricaturées. Autrement dit : si vous êtes une femme adulte, non blanche, en situation de handicap et issue d’un milieu modeste… vos chances d’être représentée à l’écran sont quasi nulles.
Pourtant, le public est prêt. Intouchables (près de 40 millions d’entrées dans le monde) ou plus récemment Un p’tit truc en plus (10 millions d’entrées en France) ont prouvé qu’on peut rire, pleurer et s’émouvoir avec des récits où la différence est centrale.
Et hors écrans, les initiatives se multiplient : le festival « Entre 2 Cannes », l’association La Chance qui ouvre les médias aux jeunes de milieux modestes, ou encore l’application La Bavarde qui rend le cinéma accessible grâce à l’audiodescription. Même le braille frappe aux portes de l’UNESCO pour être reconnu comme patrimoine immatériel de l’humanité.
La diversité culturelle n’est pas une option, encore moins un effet de mode. C’est une condition pour bâtir une société plus juste, plus forte et plus vivante. Une société qui ne laisse personne hors champ ne se fragilise pas : elle se renforce.