Trois minutes. C’est à peine le temps d’une chanson. Mais c’est aussi le temps qu’il me reste pour vous parler d’un silence qui fait du bruit : celui de la liquidation de la radio Vivre FM.
Pour les plus jeunes d’entre nous, Vivre FM a succédé à Euro FM, la radio temporaire dont j’avais arraché la création pour faciliter l’appropriation de l’euro par les déficients visuels. Sous la houlette du conseil national pour la promotion sociale des aveugles et grâce au soutien indéfectible de partenaires privés comme CECIAA, nous avions démontré l’utilité d’un tel média. Vivre FM c’était un lien. Un pont jeté entre les invisibles et le monde, entre les personnes en situation de handicap, les malades, les ostracisés, les personnes âgées isolées… et cette société qui, trop souvent, regarde ailleurs. Pour beaucoup, c’était une présence quotidienne, qui comblait un peu du vide de leur vie. Une compagne fidèle dans les couloirs froids des hôpitaux, dans la solitude des appartements, dans les moments de doute.
Aujourd’hui, cette voix s’est tue. Et avec elle, ce sont des milliers d’exclus qui se retrouvent encore un peu plus seuls.
Ce silence, c’est aussi celui des journalistes, des animateurs, des techniciens, des professionnels engagés qui, bien plus qu’un travail, portaient une ambition : celle de rendre la parole à ceux à qui on la confisque trop souvent. Leur micro est coupé, mais leur engagement, lui, ne faiblit pas. Je leur exprime ma solidarité de combat.
Alors, faut-il se résigner à voir disparaître une radio qui faisait vivre bien plus que des ondes ? Non. Car une radio, ce ne sont pas seulement des studios et des antennes. Une radio, ce sont ses auditeurs. Vous. Nous. Une communauté soudée par des histoires, des combats, une humanité partagée.
Il est encore temps de faire du bruit. De refuser ce silence. De rappeler que Vivre FM portait bien son nom.
Albert Camus écrivait « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été. »
Dans ce silence hivernal, faisons renaître cet été. Mobilisons-nous. Parlons-en. Ecrivons. Partageons. Refusons l’effacement. Pour que Vivre FM revive. Pour que les voix qu’elle portait soient entendues de nouveau.