Mobilité, migrations, immobilité : handicap
En cette semaine de la mobilité, tout sera écrit sur la multiplication des déplacements, la mixité des moyens de transport, le casse-tête du dernier kilomètre…
Des plumitifs robotisés nous expliquerons à longueur de papier le clivage irréconciliable entre des politiques menées par des adversaires politiques virtuellement irréconciliables, sachant pertinemment qu’en réalité, à l’emballage près, elles sont les mêmes et dépendent de variables macro-économiques auxquelles elles se plient.
J’invite mes lecteurs à faire un pas de côté et à s’interroger sur les paradoxes de notre monde.
Il y a moins d’un siècle, la plupart des terriens passaient leur vie dans un périmètre de 20 kilomètres autour de leur lieu de naissance.
Désormais, le développement du tourisme, les dérèglements climatiques, les guerres amènent des centaines de millions d’humains à traverser les continents.
Cette mobilité agit comme une centrifugeuse qui brasse les populations et construit un métisse qui préfigure le terrien des siècles futurs.
A l’instar des moyens de transport, les êtres humains s’hybrident.
Par un mouvement dialectique, les nouvelles technologies transforment le monde en un village.
Internet rapproche les hommes, nivelle les modes, uniformise les désirs, rend l’immobilité mobile.
De son lit, on peut se transporter virtuellement dans n’importe quel point du globe, visiter musées et bidonvilles, ressentir les ambiances visuelles, audio, prochainement olfactives de n’importe où.
La frontière entre mobilité et immobilité s’estompe !
Mobilité et immobilité s’hybrident.
Le grand bénéficiaire de cette hybridation est la personne handicapée physique ou sensorielle.
Si elle ne peut aller au monde, le monde vient désormais à elle et la connecte à la centrifugeuse créatrice de l’humanité des siècles prochains.
Des gènes atypiques se fraient un chemin et participeront à l’avenir de l’espèce malgré les efforts consensuels déployés pour éradiquer les non-conformités et les « non-conformes ».