Le pari de l’autonomie

La leçon du psycho-drame des listes en PACA que personne ne tirera !

 

En plein cœur de Station F, lors du Congrès de la FEDESAP, le professeur Frédéric Bizard a présenté le 18 septembre un rapport novateur : réorganiser la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées en France.

Soyons francs : notre système n’est ni opérationnel ni efficient comme il devrait l’être. C’est dérangeant, contre-productif et parfois dangereux.

Encore en 2025, alors que nous devrions tirer les leçons du passé et innover, nous restons prisonniers de processus qui ne produisent pas de résultats probants : la concentration des moyens sur la dépendance lourde, plutôt que sur la prévention et le soutien à domicile. Aucune « fumée blanche » pour valider les propositions, seulement du sable pour les enterrer. Les Français attendent, mais rien ne semble pour demain. 

La gouvernance éclatée (Conseils départementaux, ARS, CNSA…) et un financement exclusivement basé sur l’impôt rendent la trajectoire ingouvernable. 

Bref, l’édifice craque, et nous détournons le regard.

Mais réjouissons-nous tout de même : il est possible que l’incompréhensible commence sa métamorphose avec ce qui a été dévoilé.

Oui, il est devenu urgent de prévenir et d’accompagner plus tôt, dès le départ à la retraite, les plus fragiles. La CNAV devrait être chargée de cette mission, et les recrutements dans le secteur du care doivent être dynamisés pour atteindre plusieurs centaines de milliers de postes d’ici 2050.

Il est également temps de transformer les EHPAD en établissements spécialisés pour les cas les plus lourds ou en résidences intermédiaires. Le maintien à domicile reste préférable quand cela est possible.

Il faut aussi mettre fin aux gouvernances cloisonnées et aux financements insoutenables. Le Conseil départemental doit rester l’acteur de proximité par excellence, capable d’adapter l’accompagnement à son territoire et à ses spécificités, en lien avec la CNSA sur les aspects médico-sociaux. Le tout devrait reposer sur un financement tripartite (solidarité publique, assurance nationale, assurance privée complémentaire). Plus les contributeurs seront nombreux, plus le système sera solide.

Mais l’urgence est là : le mur de 2030 se rapproche. Si nous ne sommes pas prêts, ce sera la dégringolade d’une situation déjà fragile : dépenses incontrôlées, qualité de prise en charge dégradée, dignité des aînés sacrifiée.

Heureusement, rien n’est joué d’avance. Le rapport Bizard rappelle qu’un accompagnement adapté du vieillissement peut transformer cette contrainte en opportunité sociale et économique : une silver économie en plein essor, des métiers revalorisés, des territoires renforcés. Et surtout, une vieillesse marquée par l’autonomie, la liberté de choix et la dignité.

Au fond, c’est une question politique et citoyenne. La société française doit choisir : considérer ses aînés comme un frein… ou comme un accélérateur.

Pour consulter le rapport : https://www.institut-sante.org/Rapport-Autonomie-Institut-Sante-Synthese.pdf 

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