L’audiodescription n’est pas une option. C’est un droit.

La leçon du psycho-drame des listes en PACA que personne ne tirera !

 

Aller regarder un film au cinéma va de soi. Mais pour les deux millions de personnes aveugles ou malvoyantes, cette expérience relève encore trop souvent du parcours du combattant. Une salle mal équipée quand elle est. Une audiodescription introuvable. Une dépendance à l’organisation de séances dites « accessibles », trop rares, ou dans des salles très éloignées.

L’association Les Yeux Dits, fondée en 2017, s’est donnée une mission simple mais essentielle : permettre à chaque personne, quel que soit son handicap visuel, d’accéder à la culture comme tout le monde, avec tout le monde, et surtout quand elle le décide.

L’audiodescription n’est pas une option. C’est un droit.

Celui d’avoir accès à l’imaginaire, aux récits, aux émotions qui forgent notre culture commune. L’audiodescription n’est pas un gadget d’inclusion. C’est une traduction d’images, un langage parallèle qui permet d’être dans le film, pas à côté. Un art à part entière.

C’est dans cette logique qu’est née La Bavarde, une application disponible sur Iphone conçue pour centraliser et diffuser les audiodescriptions de films, quel que soit le support : salle, télé, VOD, DVD. L’ambition ? Rendre les spectateurs aveugles autonomes. Leur permettre de choisir un film, une séance, une salle, sans dépendre d’un tiers. Sans « attendre qu’on pense à eux ». En un mot : vivre le cinéma comme n’importe qui.

Lorsqu’on regarde un film, La Bavarde identifie automatiquement le film grâce à sa bande-son et se synchronise à la seconde près. Pas besoin de scanner un QR code, ni d’appairer quoi que ce soit. Le smartphone devient alors un outil d’émancipation : la piste d’audiodescription se lance dans les écouteurs, le spectateur peut s’installer où il veut, avec qui il veut. Il regarde le même film, au même moment que tout le monde et c’est précisément là que réside la vraie inclusion.

Mais sans un accès aux films, l’outil reste muet.

Et c’est là que le bât blesse. Car pour que La Bavarde tienne sa promesse, encore faut-il que les films soient accessibles. Or aujourd’hui, l’intégration des audiodescriptions dans l’application dépend du bon vouloir des distributeurs. Les majors, les ayants droit, les producteurs, qui détiennent ces précieuses pistes d’accessibilité.

Sans elles, pas de catalogue. Pas d’autonomie. Pas d’inclusion.

Le problème n’est pas technique. Il est économique. Les studios veulent être rémunérés. L’association veut garantir la gratuité pour l’usager. Entre les deux, un vide juridique, un flou contractuel, un modèle à inventer. Et vite.

Faut-il rémunérer les distributeurs ? Bien sûr. Mais il faut aussi penser une architecture financière où l’intérêt général ne se heurte pas à des logiques strictement commerciales. Les institutions publiques, les mécènes, les plateformes de VOD ont ici un rôle clé à jouer. De la même manière qu’on finance la numérisation du patrimoine, on doit aujourd’hui financer l’accessibilité du présent.

Ce n’est pas une dépense. C’est un investissement. Dans une société plus juste, plus ouverte, plus en phase avec ses propres valeurs.

Ce débat n’est pas réservé aux « experts de l’inclusion ». Il nous concerne toutes et tous. Car un pays qui laisse des millions de personnes à la porte du cinéma, c’est un pays qui fragilise son récit collectif.

Il est temps de donner à La Bavarde les moyens de ses ambitions. Il est temps de reconnaître l’audiodescription non comme une exception, mais comme une composante à part entière du cinéma.

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