Arabe ici, juif là-bas : quand les sondages (pour une fois) parlent

Ce sont deux sondages dont on parlera peu, contrairement à ceux sur la popularité de nos politiques. 

 

Le premier porte sur nous-mêmes, citoyens de France.

Il affirme, une fois encore, que trois quarts des Français ont une mauvaise opinion de l’islam, loin, très loin derrière les autres religions.

Beaucoup, sur les forums, s’en réjouissent, et profitent de l’occasion pour distiller leur haine. Certains le regrettent, et mettent en doute la méthodologie du sondage, puisque le même questionnaire montre par exemple que pour 52% de Français l’islam est une religion comme les autres.

Mais là n’est pas l’essentiel.Voyons plus loin pour voir de plus près…

 

Un deuxième sondage, paru il y a quelques jours, parle en apparence de tout à fait autre chose.

Selon les jeunes de Varsovie interrogés par l’institut Homo homini, vivre dans le voisinage d’un juif passerait pour inadmissible pour 44%. Et une forte majorité refuserait tout partenaire juif !

Le paradoxe de la situation étant que la Pologne actuelle ne compte quasiment plus de juifs, et que les jeunes interrogés, ni eux ni leurs proches, n’ont probablement jamais eu ni voisin, ni partenaire juifs. Une fois de plus, une constante que l’on a déjà identifiée par exemple en Suisse se vérifie : moins un certain type d’étrangers est concrètement présent, et plus il suscite le rejet.

Face à ces sondages, il serait trop facile de conclure à l’obscurantisme là-bas quand les lumières règnent chez nous. Trop facile d’aligner quelques prétextes, misérables tentatives de rationalisation de ce qu’il peut y avoir de sombre dans l’être humain. D’autant plus qu’il y a fort à parier qu’un sondage mené en France il y a un siècle aurait donné des résultats à la polonaise, avec un fort rejet du judaïsme …

Suite à la publication du sondage à Varsovie, responsables publics et universitaires ont multiplié les propositions pour remédier au rejet de l’autre dont il témoignait auprès des jeunes. Faire découvrir le judaïsme, refaire un travail de mémoire et tant d’autres tâches s’imposent. Hélas, en France, de solutions, on n’en avança point après la parution de notre sondage. De propositions concrètes, encore moins. Comme si l’exclusion était naturelle.
Comme si elle était un phénomène à observer et non point à combattre.